Jacques Anquetil est un coureur cycliste français, né à Mont-Saint-Aignan (Seine-Inférieure, aujourd'hui Seine-Maritime) le 8 janvier 1934 et mort d'un cancer de l'estomac le 18 novembre 1987 à La Neuville-Chant-d'Oisel (Seine-Maritime). Surnommé « Maître Jacques », il est notamment le premier quintuple vainqueur du Tour de France, et l'auteur du doublé Dauphiné libéré-Bordeaux-Paris en 1965. Il a également remporté cinq Paris-Nice et construit ses nombreux succès dans les courses par étapes, grâce à ses qualités de rouleur lors des contre-la-montre. Il détient seul le record de podiums dans les trois grands Tours : 13.
Les débuts
Anquetil vit son enfance à Mont-Saint-Aignan, sur les hauteurs de Rouen, en Normandie, au nord-ouest de la France. Il y vit avec ses parents, Ernest (maître-maçon) et Marie, et son frère Philippe. Puis la famille s'installe à Bois-Guillaume dans une maison de deux étages, « l'une de ces maisons aux poutres apparentes que les touristes trouvent jolies et ceux qui les habitent inconfortables ».
En 1941, son père refuse de participer pour l'occupant aux ouvrages de défense du mur de l'Atlantique. La famille choisit alors de se rendre au hameau de Bourguet, près de Quincampoix. Puisque son père n'a plus de travail, Anquetil fait comme ses sœurs et beau-frère restés à Bois-Guillaume : il se reconvertit dans la culture des fraises. Il reçoit son premier vélo - un Alcyon - à l'âge de quatre ans et, deux fois par jour, il parcourt un kilomètre et demi pour se rendre au village et revenir.
Il apprend le métier d’ajusteur-fraiseur au collège technique de Sotteville-lès-Rouen, où il joue de nombreuses parties de billard avec Maurice Dieulois. Son ami rejoint le club de cyclisme de Sotteville. Anquetil y accompagne son ami, assiste aux épreuves, au besoin le félicite. Dieulois devient un garçon dont la renommée locale séduit les filles. Jacques, d'abord peu intéressé par le sport, est peu à peu fasciné par son ami, qui découpe les premiers articles que lui consacrent les journaux locaux et collecte ses primes de victoire.
Poussé par son ami, il signe le 2 décembre 1950 sa première licence amateur à l'AC Sottevillais. Il passe un test concluant avec André Boucher, qui s'occupe des jeunes d'un club où l'on retrouve parmi les dirigeants le père de Dieulois. Après un CAP d’ajusteur-fraiseur, il pense se destiner à seconder son père, horticulteur spécialisé dans la culture des fraises. Finalement, il décide de se consacrer exclusivement au vélo et démissionne de son travail de tourneur.
Il participe au Grand Prix de Gai-Sport, sa première course officielle, le 8 avril 1951. C'est son coéquipier et ami Maurice Dieulois qui s'impose. Après une quatrième puis une troisième place lors des deux courses suivantes, il remporte le Prix Maurice Latour le 3 mai 1951 à Rouen (1re victoire). Par la suite, il gagne à deux reprises, chaque fois en solitaire. Il vise le Maillot des Jeunes de Paris-Normandie, qui récompense le meilleur débutant de la région. La finale du trophée se court à Pont-Audemer. Il s'agit d'un contre-la-montre de 85,6 kilomètres, qui regroupe les 14 premiers du classement provisoire. Anquetil part dernier et Dieulois avant-dernier, puisqu'ils occupent les deux premières places après les courses en ligne. Très vite, Anquetil, parti quatre minutes après Dieulois, a son ami en point de mire :
« Je ruinais peut-être à cet instant-là tous ses espoirs. Je ne veux pas paraître plus sentimental que je ne le suis, mais je le dis parce que c'est vrai, j'ai ralenti pendant une dizaine de kilomètres pour ne pas le dépasser trop vite. Enfin comme le temps passait, j'ai dû me décider à le doubler. Je le fis comme une flèche, sans un regard, pour abréger la chose ».
Il enfile donc le Maillot des Jeunes 1951[3] et remporte dans la foulée le titre de Champions Normandie des sociétés, avec Dieulois, Le Ber, Levasseur et Quinet.
Il signe à cette époque 16 victoires chez les amateurs, dont le Prix de France en 1952 ainsi que le Tour de la Manche et le Championnat de France amateur sur route la même année.
Sa carrière professionnelle
En 1953, Jacques Anquetil passe professionnel dans l'équipe « La Perle » de Francis Pélissier. Il y remporte la même année sa première course importante, le Grand prix des Nations, en approchant de 30 secondes le record de l'épreuve, détenu par le Suisse Hugo Koblet. Jusqu'au crépuscule de sa carrière chez Bic en 1969, il totalise 184 victoires, excellant aussi bien dans les courses par étapes, les contre-la-montre ou sur la piste. Seules les courses d'un jour lui sont moins favorables, malgré quelques exploits. Anquetil estimant que les classiques, et en particulier Paris-Roubaix où il crève à 12 km du but en 1958, ne sont que de la loterie.
Durant 16 ans au plus haut niveau, il est l'adversaire des plus grands champions, de Fausto Coppi à Eddy Merckx en passant par Louison Bobet, Raymond Poulidor ou Felice Gimondi. Malgré l'hostilité d'une partie du public français lassé de sa domination, ses supporters sont très nombreux. Il se fait entendre notamment lors des rencontres avec Poulidor : la tension est telle qu'il en sort une véritable doctrine : l'Anquetilisme par opposition au poulidorisme (plus humble, plus proche du peuple). Outre le duel du Puy de Dôme lors du Tour de France 1964, le sommet de leur rivalité est atteint à Paris-Nice en 1966 lors de la dernière étape : Poulidor, maillot blanc de leader, est littéralement harcelé par les lieutenants d'Anquetil dans l'arrière-pays niçois. Jean-Claude Wuillemin "poussant" même Barry Hoban, coéquipier du limousin, dans le fossé. Maître Jacques finalement gagne la course, après avoir lâché Poulidor dans la dernière côte. Il faudra attendre la fin de carrière d'Anquetil, pour que les deux hommes se réconcilient, et deviennent par la suite amis.
Parmi ses plus grands succès, on peut citer 5 Tours de France : en 1957 pour sa première participation à 23 ans, puis de 1961 à 1964 sans discontinuer. Il gagne au total 16 étapes, porte le maillot jaune 51 jours et obtient aussi une 3ème place en 1959 derrière Federico Bahamontès et devant Roger Rivière. Il fait ses adieux au Tour en 1966 sur un abandon, lors de la 19ème étape entre Chamonix et Saint-Etienne. Par ailleurs, il triomphe dans les deux autres Grands Tours : en 1960 et 1964 sur le Tour d'Italie, et en 1963 sur le Tour d'Espagne. Il gagne aussi neuf Grands Prix des Nations, un record qui ne sera plus jamais battu du fait de l'annulation de la course en 2005, 5 Paris-Nice (1957, 1961, 1963, 1965-66), 4 Critèrium National (1961, 63, 65, 67), 2 Dauphiné Libéré (1963-1965), Gand-Wevelgem, sa première classique belge en 1964, Bordeaux-Paris en 1965, réussissant ainsi le doublé quelques heures après sa victoire dans le Dauphiné, Liège-Bastogne-Liège en solitaire en 1966 et le Tour de Catalogne en 1968. Néanmoins, il ne parvient pas à conquérir le titre de champion du monde sur route, battu au sprint par Rudi Altig en 1966 sur la piste du Nurburgring en Allemagne. Le titre de champion de France professionnel manque également à son palmarès.
Sur la piste, il détient deux records de l' heure : en 1956 au Vigorelli de Milan, il fait tomber avec 46,159 km/h, le vieux record de Fausto Coppi datant de 1942 ; en 1967 il bat celui de Roger Rivière avec 47,493 km/h. Mais ce record n'est pas homologué, car Jacques Anquetil refuse de satisfaire au contrôle antidopage. Enfin, il est également vice-champion du monde de poursuite en 1956.
Fait chevalier de la Légion d'honneur des mains du Général de Gaulle en 1966, il tire sa révérence en Belgique, sur le vélodrome d'Anvers, le 27 décembre 1969.
Anecdotes et exploits
En 1961, Anquetil annonce son défi de porter le maillot jaune de la première à la dernière étape. Exploit qu'il réalise, s'attirant d'ailleurs les foudres du directeur de la course qui lui reproche vivement de « tuer le Tour », mais attise également la colère des spectateurs qui l'accueillent à l'arrivée de la dernière étape au Parc des Princes par des sifflets. Évènement dont il tirera une certaine ironie, puisque quelques années plus tard, il baptisera son bateau « Sifflets ».
Dans le Tour de France 1963, lors de la 17ème étape alpestre Val d'Isère-Chamonix, Jacques Anquetil change de monture (jugée trop lourde) avant d'aborder les difficiles pentes de la Forclaz. Le réglement interdit pourtant de changer de vélo, sauf en cas d'incident mécanique. Son directeur sportif Raphael Geminiani, accourt à ses côtés et feint de constater le problème que rencontre son coureur. En fait, il en profite pour sectionner le câble du dérailleur et trompe ainsi la vigilance du commissaire de course. Anquetil repart avec un vélo plus léger dans le col, suit Bahamontès mais surtout lâche Poulidor. Dans la descente pour aller plus vite, Maître Jacques reprend sa première monture qui entre temps a été réparée, et bat l'Espagnol au sprint à Chamonix. Anquetil remporte sa première grande étape de montagne dans le Tour, mais surtout, fait un grand pas vers une 4ème victoire sur la Grande Boucle.
En 1964, la France est coupée en deux dans le Tour de France, entre pro-Anquetil et pro-Poulidor. Les deux hommes se livrent un duel homérique sur les pentes du Puy de Dôme. Anquetil est lâché par Poulidor mais, pour 14 secondes, conserve son maillot jaune. Anquetil gagne à Paris son 5e et dernier Tour de France avec 55 secondes d'avance sur Poulidor.
En 1965, sur une idée de Raphaël Géminiani, il remporte à la fois le critérium du Dauphiné libéré, course de montagne par étapes, et Bordeaux-Paris. L'exploit réside dans le fait que les deux courses ne sont séparées que de 7 heures, la première finissant à 17 heures et la deuxième partant à minuit. À son arrivée au Parc des Princes, il reçoit une telle ovation de la part du public, que certains l'ont vu verser quelques larmes.
La même année, alors que le fossé se creuse entre les deux champions, Raymond Poulidor accepte de mettre ses ambitions de côté et de travailler au succès d'Anquetil au championnat du monde à Lasarte près de Saint-Sébastien. Marcel Bidot, patron de l'équipe de France, accourt auprès du quintuple vainqueur du Tour pour lui annoncer la bonne nouvelle. Anquetil, sans ménagement pour son historique rival répond : "il est encore plus con que je le pensais".
En 9 participations au Grand Prix des Nations de 1953 à 1966, il n'est jamais battu. Ses adversaires défaits sont notamment, Hugo Koblet lors de sa première victoire en 1953 (il n'a alors que 19 ans) mais aussi Felice Gimondi et Eddy Merckx respectivement deuxième et troisième de l'édition 1966.
En 1966, au Tour de Sardaigne, il déguste à chaque étape les spécialités locales. Jacques Anquetil remporte néanmoins cette course, après cette tournée gastronomique qui va à l'encontre de la diététique sportive traditionnelle.
En 1967, alors que plus personne ne croit en lui, il se lance un nouveau défi, celui de battre le record de l'heure détenu jusque là par Roger Rivière. Malgré des tentatives décevantes à l'entraînement qui lui valent quelques critiques dans la presse, Jacques Anquetil réussit l'exploit de faire tomber le chrono de son compatriote en portant le record à 47,493 km/h. Sa performance n'est cependant pas homologuée, car il refuse de passer au contrôle anti-dopage. Jacques Anquetil a cette réponse : « je m'en fous que le record ne soit pas homologué, je l'ai battu un point c'est tout ».
Jacques Anquetil est le premier coureur de l'histoire à remporter à 5 reprises le Tour de France. Il est également le premier coureur français à avoir gagné le Tour d'Italie (en 1960) et avoir réalisé le doublé Giro-Tour en 1964.
Ses différentes équipes
Anquetil porta successivement les couleurs de « La Perle » (1953-1955) (directeur sportif : Francis Pélissier), « Helyett » (1956-1958), « ACBB Leroux » (1959-1960), « Saint-Raphaël » (1961-1964), « Ford-Gitane » (1965-1966), équipe française avec laquelle il remporte la Coupe du Monde Intermarques en 1965 et « Bic » (1967-1969). Son premier entraîneur, dès sa licence à Sotteville, fut André Boucher (dit papa Boucher ) auprès duquel il revenait souvent prendre conseils et forces avant de grandes compétitions, du type « contre-la-montre ».
L'après carrière
À son retrait de la compétition, il fut correspondant du journal L'Équipe, consultant sur Europe 1 puis sur Antenne 2, directeur de course (Paris-Nice et Tour Méditerranéen), directeur sportif de l'équipe de France (aux Championnats du monde), membre du comité directeur de la FFC, reporter à la télévision et gentleman farmer du « Domaine des Elfes » (deux kilomètres carrés de terres à La Neuville-Chant-d'Oisel à 17 kilomètres de Rouen).
Après avoir raccroché à l'âge de 35 ans, il ne remontera qu'à trois reprises sur un vélo, jugeant avoir "trop dégusté sur cet engin". Une fois pour participer à une course "people" à Nice, le Grand Prix des Gentlemen, une seconde fois à l'occasion d'une sortie un après-midi avec des amis en Normandie et la dernière fois à l'occasion d'un anniversaire de sa fille.
Jacques Anquetil a plusieurs fois été soupçonné de dopage. Dans Miroir du Cyclisme d'octobre 1992, il indiquait au journaliste Je préfère me faire une piqûre de caféine que de boire trois tasses de café qui, elles, me font mal au foie.... Dans le livre La Face cachée de L'Équipe de David Garcia, le journaliste rapporte que le champion avait dit, Je me dope parce que tout le monde se dope (...). Bien souvent, je me suis fais des piqûres et si, maintenant, on veut m'accuser de me doper, ce n'est pas bien difficile, il suffit de regarder mes fesses et mes cuisses, ce sont de véritables écumoires.
Vie privée
Il épousa le 2 décembre 1958 Janine, qui avait deux enfants d'un premier mariage : Annie et Alain. Il eut une fille Sophie (1970) avec sa belle-fille Annie. Un autre enfant, Christopher, dont la mère était l'ex-femme de son beau-fils, verra le jour en 1986.
Palmarès
Super Prestige Pernod en 1961, 1963, 1965, et 1966 (3e : 1964)
Prestige Pernod : 1961, 1963, 1965
Challenge de France des organisateurs : 1965
Challenge Yellow (Sédis) : 1957, 1965
Trophée Edmond Gentil : 1953, 1960, 1963
Coupe Deutsch de la Meurthe : 1964
Tour de France : Huit participations dont les 5 victoires de 1957 (son premier tour disputé), 1961 (maillot jaune de bout en bout), 1962, 1963 et 1964 ; son équipe St-Raphaël remporte le classement en 1962 et 1963 ; L'équipe de France le remporte en 1957, 1960 et 1961) (51 jours en jaune ; 2e du classement par points : 1963 (3e : 1959)
16 victoires d’étapes sur le Tour de France
Tour d’Italie : 1960 et 1964
6 victoires d’étapes sur le Tour d’Italie
Tour d’Espagne : 1963
1 victoire d’étape sur le Tour d’Espagne
Grand prix des Nations : 1953, 1954, 1955, 1956, 1957, 1958, 1961, 1965 et 1966
Gand-Wevelgem : 1964
Bordeaux-Paris : 1965
Liège-Bastogne-Liège : 1966
Paris-Nice : 1957, 1961, 1963, 1965 et 1966
Critérium du Dauphiné libéré : 1963 et 1965
Quatre jours de Dunkerque : 1958, 1959
Critérium National : 1961, 1963, 1965, 1967
Critérium des As : 1959, 1960, 1963, 1965
Tour de Catalogne : 1968
Tour du Pays basque : 1969
Tour de Sardaigne : 1966
Tour du Var : 1968
Route d’Auvergne : 1963
Trophée Baracchi : 1962, 1965, 1968
Trophée de l’Île de Man : 1965
Trois Jours de Belgique : 1958
Roue d’Or : 1957, 1958, 1959, 1965, 1966, 1967
Bol d’Or des Monedières : 1955, 1962
Rouen-Lisieux-Rouen : 1953
Grand Prix de Lugano : 1953, 1954, 1958 à 1961, 1965
Grand Prix de Genève : 1955 à 1959
Grand Prix de Forlì : 1958 à 1961, 1965
Grand Prix de Bretagne : 1959
Six-Jours de Paris : 1957, 1958 (avec Darrigade et Terruzzi)
Record de l’heure
19 juin 1956 (46,159 km)
27 septembre 1967 (47,493 km, non homologué pour refus de se présenter au contrôle anti-dopage)
Record des 20 km
19 juin 1956 en 25' 57" 40"'
Champion de Normandie sur route : 1951, 1952
Champion de France sur route amateur : 1952
Champion de France de poursuite professionnelle : 1955, 1956, 1957
Médaille de bronze aux Jeux olympiques d'été de 1952 dans l'épreuve du 100 km sur route contre-la-montre par équipes, avec Tonello et Rouer
2e : Championnat du monde de cyclisme sur route : 1966
2e : Championnats du monde de poursuite : 1956
2e : Championnats de France de poursuite professionnel : 1957
2e : Championnats de France omnium professionnel : 1967
2e : Roue d’Or : 1956, 1960, 1962
2e : Gênes-Nice : 1957
2e : Critérium des As : 1954
2e : Tour de l’Hérault : 1967
2e : Ascension du Mont-Faron : 1968
2e : Grand Prix d’Alger : 1960 (contre-la-montre par équipe, avec le champion olympique français de la discipline sur 100 km en 1956, Roger Vermeulen)
3e : Championnats de France sur route professionnel : 1963, 1965
3e : Gand-Wevelgem : 1959
3e : Paris-Nice : 1969 (sa dernière saison professionnelle)
3e : Boucles de la Seine : 1958
3e : Critérium National : 1960
3e : Trophée Longines TTT de Rimini : 1960 (avec Stablinski, Darrigade, Graczyk et Elliott)
8e du classement mondial amateur en 1952
12e de l’épreuve olympique individuelle sur route en 1952
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